Petite promenade aux Collines parfumées...
Ah, je me suis enfin perdue dans les
« Collines parfumées » ! Vous savez, quand on apprend une langue
étrangère, on a souvent droit à des textes débiles et clichés (« - Hum,
c’est bon, c’est quoi ? - Du camembert. Tu aimes bien ?
–Oui, j’aime bien. – En France, on en mange tous les jours.C'est notre habitude."
Etc etc). Malheureusement les manuels de chinois ne font pas exception...C'est
pourtant si intéressant de débattre sur de "vrais sujets" en chinois
(et ils sont nombreux!)! Parfois, en cours, on arrive à faire dévier la
conversation...Mais très vite, on revient aux questions essentielles concernant
les ordinateurs, les transports et la cigarette.Passionnant. Mais à vrai dire,
tout dépend de l'humeur du moment: il y a des jours où la stupidité de
ces textes peut faire sourire, voir rire aux éclats (oui oui oui).
Au fait, au fait, Mademoiselle! J'ai étudié plusieurs textes dans lesquels les
personnages vont à "Xiangshan" (ces fameuses Collines parfumées).
D'où mystère. Est-ce vraiment comme ils le décrivent? Si impressionnant? Si je
n'ai aucun remords à critiquer le caractère profondément inintéressant de ces
textes, je dois cependant avouer qu'ils disent vrai sur les "Collines
parfumées": c'est magnifique!
Situées au nord-ouest de Pékin, à une trentaine de kilomètres du
centre, ces "collines parfumées" ne sont pas parfumées, et
selon mes propres critères, ce ne sont pas des collines, mais plutôt de petites
montagnes. A cette période de l'année, c'est tout simplement magnifique:
les arbres sont rouges, orange, jaunes, les oiseaux chantent, les cascades
s'écoulent, les lacs sont immobiles, près des petites tables de pierre et des
pavillons multicolores, des enfants jouent... Je sais bien que dit comme ça, ça
fait un peu cliclé, mais quoi? Je vous assure que c'était comme ça. Nous
avons marché tout l'après-midi dans la montagne...avec un objectif majeur: fuir
les hordes de touristes!
Car oui, voici le "hic" de
notre histoire...Ces "collines parfumées", à ce moment de l'année,
sont inondées par des hordes de touristes. Et ce qu'il est important de savoir,
c'est que les Chinois ont une conception du tourisme assez...marquée. Je n'aime
pas généraliser, mais je pense pouvoir dire que la plupart des Chinois aiment
les voyages organisés: genre tous la même casquette, le même imper, et un guide
qui hurle en tenant un drapeau multicolore ou une fleur gigantesque. Et
franchement, quand on vient se ressourcer sur un site, que ce soit une
montagne, un temple, ou autre chose, c'est agréable de se sentir seule. De
feindre de croire que l'on est seule, comme dirait l'autre (je donne un indice,
ça commence par B....). Ici, impossible... Sur le chemin principal, il y avait
même des haut-parleurs immenses qui rappelaient aux groupes où et à quelle
heure ils avaient rendez-vous: une voix infect, qui perçait littéralement les
tympans, et qui faisaient tristement tâche dans ce si joli paysage.
Tout n'était donc pas parfait...Mais il nous a
suffi de jouer à un jeu que je commence à maîtriser: quel endroit attirera le
moins les touristes? Nous avons donc savourer les couleurs de l'automne,
et nous sommes perdues dans les montagnes, plutôt que de visiter les temples et
autres sites intéressants sur les collines. Aucun regret, ce fut une ballade
parfaite! Une ballade parfaite ponctuée par une surprise parfaite: au pied des
collines, un charmant petit café, un cappuccino et des crêpes au chocolat! Oui,
je sais bien que pour vous ce n'est pas exotique, et ça fait "tâche"
dans ce décor si chinois...mais pour moi, c'est le luxe, la "cerise sur le
gâteau" (hum, de quoi suis-je entrain de parler?...je me mets encore l'eau
à la bouche!).
Après la campagne, la ville. Dimanche après-midi: ballade dans les
jolis parcs du centre de Pékin: Houhai, Zhonghai, Xihai. Après avoir traversé
ces parcs, nous nous sommes promenés sur un marché. Rien de très intéressant à
acheter pour nous, seulement "le plaisir des yeux" (comme ils disent
au Maroc!), flâner dans les différentes allées, observer des légumes inconnus,
répondre aux sourires, et s'étonner de tant de choses. En Chine comme ailleurs,
les marchés donnent faim...A force de voir des produits appétissants, le tigre
se réveille dans le ventre. Dimanche, petit restaurant musulman du Xinjiang:
des brochettes d'agneau cuites sur le charbon, et des brocolis au cacahuètes...Parfait!
Retour à Houhai. Pour savourer la vie chinoise, il n'y a rien de mieux, je
pense, que de s'asseoir dans un parc et d'observer les gens. Je vous assure que
l'on apprend bien plus en quelques heures "de rien" dans un parc
chinois, qu'en plusieurs jours de lecture attentive dans une
bibliothèque. Les "vieux" jouent aux dames chinoises assis sur
des bancs, autour de tables en pierre, ou sur le sol; les
"vieilles" papotent avec leurs copines près du lac; et souvent,
ils "promènent" leurs oiseaux dans leurs cages, et les posent près
d'eux, le temps d'un jeu ou d'une discussion. A côté parfois, des petits
garçons et des petites filles, avec des pantalons fendus au niveau des fesses
(cherchez des photos, c'est très rigolo!); beaucoup d'amoureux; des gens qui
chantent et dansent; d'autres qui font du Taiji; certains mangent des
brochettes (à n'importe quelle heure de la journée), et d'autres, seuls, se
mettent soudain à faire de la gymnastique ou à chanter. Je vous assure que
c'est comme ça, et cela peut sembler étrange, mais il y a une forme de liberté
que l'on ne retrouve pas en France. J'ai l'impression que le regard de
l'autre est beaucoup moins "pesant" qu'en France. Evidemment,
les pressions existent aussi ici, et sont d'un autre ordre. Quoi qu'il en soit,
si vous voulez chanter dans la rue ici, pas de problème! Dansez! Sautez!
En parlant de danse, j'ai enfin trouvé un café où danser le tango!
C'est super, nous ne sommes pas très nombreux et les gens viennent des quatre
coins du monde. Et j'ai aussi commencé le yoga! ça c'est une autre
histoire...Quand je regarde les Chinoises autour de moi, je me sens tristement
rouillée...Alors je force...Et le lendemain, je suis coincée! En attendant , je
vais être raisonnable...je vais m'assouplir le poignet: je vais écrire mes
caractères!